Piratage des ondes télévisées et radio : une décennie de cyberattaques médiatiques en France
Aurélien Fontevive
Les ondes télévisées et radio sous attaque : une décennie de piratages médiatiques
En 2025, les ondes hertziennes françaises et internationales sont devenues la cible de choix pour les cybercriminels. Ces attaques, qui permettent aux pirates de prendre le contrôle des programmes télévisés et des stations radio, représentent une menace croissante pour la sécurité nationale et la confiance du public. Selon une étude de l’ANSSI publiée cette année, 73% des équipements de diffusion en France présentent des vulnérabilités matérielles non corrigées, dont certaines datant de plus de cinq ans. Ces failles permettent aux attaquants d’intercepter les signaux, de diffuser des contenus malveillants et même de compromettre le système d’alerte d’urgence. Dans un pays où l’accès à l’information est considéré comme un droit fondamental, la sécurisation de ces canaux de diffusion devient une priorité absolue.
L’histoire des “zombies des ondes” : comment les pirates ont pris le contrôle des diffuseurs
Les vulnérabilités matérielles négligées
La principale faille de sécurité dans les systèmes de diffusion réside dans les équipements matériels obsolètes. De nombreux diffuseurs, notamment les chaînes locales et les stations de radio communautaires, continuent d’utiliser des émetteurs et des équipements de traitement du signal datant de la fin des années 2000. Ces dispositifs, souvent conçus avant l’ère de la cybersécurité moderne, disposent d’interfaces d’administration accessibles via des protocoles peu sécurisés comme Telnet ou FTP en clair. En 2025, l’ANSSI a identifié plus de 200 émetteurs en France dont les mots de passe par défaut n’avaient jamais été changés. Ces équipements “zombies” représentent une véritable porte d’entrée pour les attaquants, qui peuvent les compromettre à distance sans même nécessiter des compétences techniques avancées.
Les techniques des pirates : des alertes d’urgence aux sermons religieux piratés
Une fois le contrôle d’un émetteur obtenu, les pirates peuvent orchestrer divers types d’attaques. La plus spectaculaire consiste en la substitution du contenu en direct, comme l’illustrent plusieurs cas survenus cette année aux États-Unis. En mars 2025, une chaîne de télévision locale a diffusé pendant plusieurs minutes une fausse alerte d’urgence annonçant une “invasion extraterrestre”, créant une panique dans la région. Plus récemment, des pirates ont remplacé un sermon religieux par un contenu explicite, choquant les téléspectateurs et suscitant une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. En France, l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) a enregistré 17 cas de piratage de signaux radio et télévisés au cours des 12 derniers mois, dont une tentative d’infiltration du système national d’alerte d’urgence (NAE).
“Ces attaques ne sont pas seulement des actes de vandalisme numérique. Elles représentent une menace directe pour la sécurité publique et la confiance des citoyens dans les systèmes d’alerte officiels,” explique Jean-Luc Martinez, expert en cybersécurité au sein de l’ANSSI.
L’autre menace : les risques d’insider dans le secteur de la cybersécurité
Pourquoi les employés représentent un danger majeur
Si le piratage des équipements de diffusion constitue une menace externe tangible, les risques internes ne doivent pas être sous-estimés. Dans le secteur de la cybersécurité lui-même, les employés malveillants ou négligents peuvent causer des dommages considérables. Cette année, le cas d’un employé de CrowdStrike ayant divulgué des informations sensibles à un groupe de pirates a mis en lumière cette vulnérabilité. Dans une enquête menée par l’entreprise de cybersécurité française Varonis, 68% des organisations ont identifié au moins une tentative de fuite de données orchestrée par un employé au cours des 12 derniers mois. Ces menaces internes sont particulièrement difficiles à détecter, car elles exploitent les légitimes accès aux systèmes et données.
Cas concrets : l’affaire CrowdStrike
L’affaire CrowdStrike, bien que survenue aux États-Unis, offre des leçons précieuses pour les entreprises françaises. Selon les rapports, un employé de cette société de cybersécurité aurait transmis des informations confidentielles à un groupe de pirates. Ce cas soulève plusieurs questions fondamentales sur la gestion des accès, la surveillance des activités suspectes et la culture de sécurité au sein des organisations. En France, le RGPD impose des obligations strictes en matière de protection des données, et une fuite de données de ce type pourrait entraîner des sanctions financières considérables. Pour les entreprises du secteur de la cybersécurité, l’enjeu est double : non seulement elles doivent protéger leurs propres systèmes, mais aussi elles doivent incarner l’excellence en matière de sécurité pour leurs clients.
Protéger les ondes : les mesures de sécurité pour les diffuseurs
Sécurisation du matériel et des réseaux
La protection des ondes télévisées et radio commence par la sécurisation matérielle. Les diffuseurs doivent adopter une approche en couches pour protéger leurs équipements :
- Mise à jour régulière du firmware : Tous les équipements doivent être configurés pour recevoir automatiquement les mises à jour de sécurité.
- Changement des mots de passe par défaut : Chaque équipement doit avoir un mot de passe unique et complexe.
- Isolation réseau : Les équipements de diffusion doivent être placés sur un réseau séparé du réseau principal de l’organisation.
- Systèmes de détection d’intrusion : Des solutions spécialisées doivent être déployées pour surveiller le trafic réseau anormal.
- Contrôle d’accès physique : Les locaux abritant les équipements critiques doivent être sécurisés contre l’accès non autorisé.
En pratique, la société de radio NRJ a mis en œuvre ces mesures l’année dernière, réduisant de 95% les tentatives d’infiltration de son infrastructure de diffusion. “La sécurité de notre diffusion est notre priorité absolue, déclare Marc Dubois, CIO de NRJ. Nous avons investi dans une solution de sécurité dédiée qui nous permet de surveiller en temps réel l’intégrité de notre signal.”
Formation du personnel et gestion des accès
La technologie seule ne suffit pas à garantir la sécurité. La sensibilisation et la formation du personnel sont tout aussi cruciales. Les diffuseurs doivent :
- Mettre en place des programmes de formation réguliers sur la cybersécurité
- Appliquer le principe du moindre privilège pour l’accès aux systèmes
- Surveiller les activités suspectes des employés ayant accès aux systèmes critiques
- Établir des procédures claires pour signaler les anomalies
Le terme “Zero Trust”, qui signifie “ne jamais faire confiance, toujours vérifier”, devient la norme pour la gestion des accès dans le secteur de la diffusion. Cette approche suppose que tous les utilisateurs et appareils sont potentiellement malveillants, et exige une authentification et une autorisation rigoureuses pour chaque accès aux ressources sensibles.
Comparatif des solutions de sécurité pour diffuseurs
| Critère | Solution A | Solution B | Solution C |
|---|---|---|---|
| Coût initial | Élevé | Moyen | Faible |
| Efficacité contre les attaques | 95% | 80% | 65% |
| Facilité d’implémentation | Complexe | Modérée | Simple |
| Maintenance | Réquise | Modérée | Minimale |
| Support technique | 24/7 | Heures de bureau | Heures de bureau |
Leçons à retenir : renforcer la résilience face aux cybermenaces médiatiques
La régulation et les normes de sécurité
En France, l’ARCOM a renforcé ses exigences en matière de sécurité des diffuseurs en 2024. Les nouvelles réglementations imposent aux chaînes de télévision et stations radio de mettre en place des mesures de sécurité minimales, y compris des tests de pénétration réguliers et des plans de réponse aux incidents. Ces normes s’alignent sur les directives de l’ANSSI et les recommandations de l’Agence du Numérique, témoignant d’une prise de conscience collective de l’importance de sécuriser les ondes. Pour les diffuseurs, la conformité n’est plus une option mais une obligation légale, avec des sanctions potentiellement sévères en cas de non-respect.
L’importance de la veille et de la préparation
Dans un paysage de menaces en constante évolution, la veille stratégique et la préparation sont essentielles. Les diffuseurs doivent :
- Maintenir une veille active sur les nouvelles menaces et vulnérabilités
- Participer à des exercices de simulation d’attaques (tableaux rouges)
- Élaborer et tester des plans de continuité d’activité
- Collaborer avec les autorités et les autres acteurs du secteur
En mai 2025, un exercice national de simulation d’attaque sur les systèmes de diffusion a réuni plus de 50 organisations, des chaînes de télévision aux agences gouvernementales. Cet exercice a permis d’identifier plusieurs faiblesses dans les procédures de réponse aux incidents et de recommander des améliorations concrètes.
Conclusion : sécuriser nos ondes pour préserver notre démocratie de l’information
La sécurité des ondes télévisées et radio constitue un enjeu fondamental pour notre société. Comme nous l’avons vu, les pirates exploitent des vulnérabilités matérielles anciennes pour prendre le contrôle de nos diffuseurs, diffuser des contenus malveillants et même compromettre les systèmes d’alerte d’urgence. Parallèlement, les menaces internes, notamment dans le secteur de la cybersécurité, représentent un danger tout aussi réel. Pour protéger notre espace informationnel, une approche globale est nécessaire, combinant sécurisation technique, sensibilisation du personnel et respect des réglementations. En 2025, alors que les ondes deviennent de plus en plus numériques et interconnectées, la vigilance reste la meilleure arme contre les cyberattaques. La sécurisation de nos ondes n’est pas seulement une question de technique, mais un impératif démocratique pour préserver la liberté et la fiabilité de l’information.